La pitchoune

Il aime la musique classique et surtout Mozart. Et il me l’a fait aimer.
Il aime bricoler et comprendre comment marchent les choses. Et je suis comme lui.
Il aime les maths, la chimie et les sciences.
Il a souvent piqué des colères titanesques, mais a toujours su se faire pardonner.
Il siffle à table après un bon diner.
Il aime l’histoire des byzantins et des juifs.
Il a le même peigne depuis que je suis enfant.
Il fume le cigarillo, sans avaler, les jours de fêtes.
Il s’endort souvent devant les films.
Il semblait avoir peur de rien quand j’étais enfant.
Il fait les meilleurs spaghettis au monde.
Il a les dents du bonheur et les yeux qui plissent lorsqu’il sourit.
Il a un prénom improbable, mais moi je l’appelle papa.
Il était immortel à mes yeux.
Il a un cancer.
Et toute adulte professionnelle de santé que je suis, toute mère que je vais être, je reste une petite fille terrorisée à l’idée de perdre son papa.
Il faut grandir, il parait.
Faut-il vraiment que ça soit comme ça?